Mon objectif était le banc à Cannaregio, face à la côte, où je m’étais déjà installé avec, derrière moi, les condomini et la vraie vie de Venise (ce qui est tout à la fois vrai et faux : vrai, parce que la majorité des Vénitiens vivent en périphérie dans les constructions récentes ; faux, car la vraie vie devrait se trouver au cœur de la ville alors que la moitié des habitations y sont vides et le reste voué aux touristes). J’ai un peu varié mon itinéraire, en m’efforçant de marcher à l’ombre, il faisait chaud, le soleil tapait (j’ai même failli rebrousser chemin) : Cavaletti jusqu’au campo San Giobbe, ponte dei Tre Archi, Calle delle Cooperative, Fondamenta delle Case Nuove et enfin Fondamenta di Sacco San Girolamo. En face de moi, à l’horizon, se profilaient les montagnes (mais plongées dans une sorte de halo). J’y ai poursuivi Barnum avec ma quatrième cigarette (revoir le texte sur Cordoue : qu’est-ce que c’est que cette histoire d’une cathédrale construite dans une mosquée ou une église orthodoxe, je ne sais plus ; à relever aussi l’histoire de Pat Garret et Billy le Kid). Baricco a tenu cette chronique hebdomadaire pendant quelques mois ; je suis assez épaté – encore qu’il me semble qu’il reprend des formules, ou des formes, notamment lorsqu’il parle de musique... Ici, c’est pratiquement désert, il n’y a que des Italiens et, c’est rassurant, beaucoup de jeunes (ce n’est donc pas si désert que ça ; mais ça l’est si je compare cette zone au centre et ses touristes). J’ai aussi remarqué qu’il y avait beaucoup de chiens (et toujours pas de chats ; sont-ils donc tous morts, ou exilés ?), beaucoup plus que d'habitude, ou alors je n'y avais pas prêté attention auparavant (où font-ils leurs besoins ?). J’y suis resté une demi-heure, puis j’ai repris ma route, Ormesini, Misecordia jusqu’à son terme pour ensuite rejoindre Strada Nuova et revenir ici…

 

27 septembre 2012