Je suis sur les nerfs à cause d’un livre vendu que je ne trouvais pas, alors qu’il était sous mon nez (c’est l’histoire de « La lettre volée », voir Bayard que je viens d’entamer). L’autrice est Bénédictine de Grèce. En général, pour les noms à particule, français ou étrangers – sauf Van Gogh, par exemple, ou de Gaulle, quoique je n’aie aucun livre de lui (et le jour où j’en aurai un, je ne saurai où le classer) –, je classe au nom, donc Grèce. Je commence par la partie de ma boutique qui se trouve dans ma chambre, étagères livres tous genres, regarde à « Grèce », non ; puis à tout hasard à « de », non plus ; alors je descends à la cave pour la suite en cartons ; deuxième carton des G, rien ; puis premier des D, non plus. Je commence à m’affoler, recommence, carton G, rien ; D, non plus ; je remonte, survole de nouveau le dos des G, puis des D, rien, puis, à tout hasard, vais voir dans le rayon « enfants » (mais ce n’est pas un livre pour enfant), puis dans les grands formats (mais c’est un format poche) ; G, D, rien ; alors, je l’aurais mis en double vente et, après la vente, oublié de supprimer le second du stock ; je vérifie, non, et comme je l’avais mis en ligne l’année dernière, il doit se trouver ici, à l’étage, c’est-à-dire les livres achetés après le déménagement (quoique pas tous, les livres pour enfants par exemple, ou les livres grand format se trouvent à l’étage) ; mais il arrive lorsqu’une étagère est comble que je descende des livres dans les cartons de la cave ; je recommence, G, D, puis avant, après, il est peut-être déclassé ; ou alors je l’ai classé à « Bénédictine », c’est déjà arrivé, par distraction, que je classe au prénom ; je regarde, B, rien ; ou alors il serait dans la bibliothèque d’Éléonore ; c’est arrivé à l’époque de l’inventaire, un premier tas pour ceux qui restent dans la boutique, un second pour le rebut, livres destinés à la cave en attente de décider de leur sort, je m’étais trompé de tas et un livre qui devait rester dans la boutique s’était retrouvé dans le rebut ; ce livre-ci s’y serait donc retrouvé, Éléonore y aurait puisé pour le mettre en vente dans sa propre boutique (mais non l’inventaire date de 2022) ; alors, je remonte, recommence, regarde à nouveau, rien, où est-il ? Je retourne à la cave et, au lieu de regarder les dos comme je le fais habituellement, je les passe en revue un par un, carton B, rien, de nouveau D, rien, et G pour la troisième fois : il y est… Que dois-je en conclure ? Je pourrais mettre cela sur le compte de l’âge ou d’une anomalie cérébrale, mais ça m’était déjà arrivé il y a quelques années – ce n’est pas forcément rassurant – ; il suffit que le livre soit très fin pour que je ne vois pas son dos – ou le vois, mais, dans le cas d’éditeurs que je connais mal ou pas du tout, comme il ne correspond pas à l’idée que je m’en suis fait, je ne le vois pas et il faut alors que je regarde les couvertures à l’endroit où il devrait se trouver ; du reste, je sais depuis longtemps que mon regard accroche difficilement le contenu des dos – dans les boutiques par exemple – et il faut souvent, quand c’est possible, que je regarde les couvertures…

 

3 juin 2024