Raconté par Robert Jacobs, jeune architecte américain qui avait travaillé dans

l’agence de Le Corbusier en 1934 et qui lui sert de traducteur pendant son voyage :

 

« Je vins à sa rencontre (sur le Normandie pendant la quarantaine) et ses premiers mots sont : “ Jacobs, où sont les photographes ? ” Je l’emmenai donc sur le pont supérieur où un photographe faisait poser un groupe de vedettes… sur le bastingage devant le Skyline. Je m’approchai d’Harry Morgan, administrateur de la French Line et l’implorai : “ Pour l’amour de Dieu, allez-vous demander à votre photographe de prendre une photo de Corbu sur fond de skyline ? ” Et Morgan de répondre : “ Honnêtement, nous sommes à court de pellicules ”. Je lui répliquai : “ Faites marcher l’appareil à vide. Il va falloir vivre avec ce type pendant deux mois. ” Ainsi, Corbu posa-t-il cérémonieusement et je fis prendre sa photo ; et chaque matin pendant deux mois, il passait au crible le journal en s’inquiétant : “ Jacobs, où est ma photo ? ” »

 

Je n’ai jamais aimé Le Corbusier, à la fois l’homme et le travail. Je ne suis pas
mécontent d’avoir découvert cette anecdote qui résume bien ma pensée…