J’ai passé une demi-heure, cette nuit, devant la
souffrance à me demander lequel serait le suivant. J’en ai prélevé un,
puis un autre, ai lu un passage, quelques bribes, Faulkner, Bataille, Mauriac,
puis une page, Carpentier, et, après avoir considéré, avec une infinie
tristesse et une légère frayeur qui, par instant prenait des accents
d’épouvante, cette masse de dos dont la plupart me resteront à jamais
inconnus, j’ai tiré Mémoires d’un surréaliste de Maxime
Alexandre. Je l’ai palpé, tourné et retourné avant d’en lire les
premières pages qui, contre toute attente, ont remporté le combat contre celles
du Vent de Simon qu’au préalable
j’avais posé devant moi… Pourquoi celui-là plutôt qu’un
autre ? Pourquoi cet obscur et, pour tout dire, inconnu Alexandre qui se
targue de surréalisme plutôt que Simon ? Il y a des réponses parmi
lesquelles peut entrer un certain besoin de légèreté, de facilité ; de
paresse. Je l’ai emporté et poursuivi dans la cuisine avec un café et ma
dernière cigarette, puis glissé dans mon sac et ce matin, au soleil de mon
entresol, je le poursuis. C’est en effet simple, léger ; assez
maladroit ; pas de déplaisir, pourtant. Il rencontre Tzara, les dadaïstes,
puis Arp, Aragon et va bientôt rencontrer Breton. Pour l’heure, il
mentionne ses propres livres publiés. Ah. Je me demande quel peut être leur
contenu et s’ils ont une quelconque ressemblance avec celui que je suis
en train de parcourir, propre, ordinaire, posé, académique. À suivre…
15 mai 2002