SEL II

intégral

 

 

qui partaient à la recherche du sien. « Haya ho lé ! » a-t-elle glapi alors que je le touchais et que les prémices lunaires se faisaient jour dans le ballet des scories satellitaires qui désormais agrémentent les ténèbres de notre espace. Ah, j’aurais bien aimé me voir à ce moment-là, accroché à cette infirmière mastiqueuse, et projeté tel un obus en direction de la Lune, moi les mains attachées à la sienne qui s’agitait dans tous les sens, elle vociférant de tous ses poumons et invectivant chaque poussière qui lui effleurait la joue. Ah, quelle belle joue, et quel beau couple nous devions former aux yeux d’une quelconque tribu de créatures d’autres sphères en villégiature dans notre univers ! Et puis, nous sommes arrivés. Très vite, le sol est venu à notre rencontre et au beau milieu d’un cratère, nous nous sommes posés. Il y a bien eu un peu de poussière et un rien de frayeur, mais quelle magie, quelle féerie !... Je l’ai lâchée et me suis mis à pivoter sur moi-même pour contempler la splendeur de ce paysage que, jusqu’à présent, seuls des cartoonistes et un reporter puceau accompagné de son chien avaient arpenté. « Et Lang, qu’est-ce que vous en faîtes ? » Je me suis retourné : devant moi se tenait Pfaall, dans l’appareil qui l’avait rendu célèbre… « Lang ? Vous voulez dire Tchang, car à puceau, puceau et demi ! Pardonnez-moi mais si je ne fais erreur vous êtes Monsieur Hans Pfaall, n’est-ce pas ? Vous allez rire, j’ai eu l’occasion de lire un compte rendu de vos aventures il y a peu, des plus plaisants autant que fantaisistes, il se terminait par le sous-entendu que vous êtes un escroc, que vous n’êtes jamais venu jusqu’ici, n’avez jamais quitté Rotterdam, sauf peut-être pour une expédition outremer de laquelle on vous avait vu revenir de l’argent plein les poches, déjà prêt à le dépenser en beuveries d’ivrogne dans quelques bars mal famés des faubourgs, j’ai beaucoup ri, qu’en dites-vous ? » « Hé bien je vous dis tout le bien que je pense des bars des faubourgs de Rotterdam, et aussi de Bruges et d’Amsterdam, et le peu de bien que je pense de ceux qui me jalousent. Quoi qu’il en soit, je sais leur rendre leur jalousie – je les emmerde, « bren sur eux » à l’occasion en les survolant de mon fier mongol – et si vous voulez bien m’accompagner j’aurais plaisir à vous proposer de les emmerder à l’occasion, avant de vous faire partager ma ;