SEL II

intégral

 

 

insu et était maintenant appuyée sur ma cuisse. Mon regard a suivi le prolongement de cette main qui rejoignait, sans conteste, l’épaule d’un homme sous moi, sur les genoux duquel j’étais assis. J’avais juste réussi à percevoir qu’il était très barbu. Comment avais-je pu ne pas m’en rendre compte, comment en étais-je arrivé là ? Je n’osais même plus me retourner, au moins voir son visage. J’ai repensé au contrôleur qui attendait devant nous et j’ai fouillé ma poche autour de la main pour en sortir le billet mais je ne l’ai pas trouvé. J’aurais pourtant pu jurer qu’il y était. J’ai sorti ma main ensanglantée tandis que celle, si blanche, de ma voisine passait devant mon nez pour lui présenter le sien. Le contrôleur l’a composté, le lui a rendu et de nouveau s’est tourné vers moi. Il a remarqué le sang sur ma main et s’est un peu reculé vers la porte du couloir. « Jontype, qu’ast-ca qui ça pessa ? » Je lui ai fait comprendre que tout allait bien, qu’il ne fallait pas s’inquiéter. Il a semblé se calmer, contrairement à moi qui, à ce moment-là, n’ai eu d’autre ressource que de me lever pour agripper ma veste et y chercher le titre de transport qu’il attendait toujours. Mais la main du barbu m’a retenu fermement sur le siège fripé et d’un autre âge. Que faire ? J’ai fait signe au fonctionnaire en direction du filet situé au-dessus de la tête de la fille, il a saisi la veste et après un coup d’œil sur ma main rouge et visqueuse, qui à ce moment-là aurait parfaitement pu figurer à l’étal d’un boucher sans que qui que ce soit n’y trouve à redire tant elle avait désormais l’apparence d’un filet de mouton, il a fouillé sans rien en sortir et finalement me l’a lancée sur les genoux avec rien de moins que du dégoût. « Byit na pranaz pyis im onvàcola, ol m’u e soam demt bysta syrchym ! » De la même manière que lui, je l’ai vainement explorée à mon tour, je pensais y avoir certainement glissé mon billet dans la pochette, mais je ne parvenais  à mettre la main sur quoi que ce soit. Mes papiers, mais aussi les clefs et d’autres objets précieux qui s’y trouvaient avaient également disparus. Ma tête s’est mise à tourner, j’étais déboussolé, incapable de réfléchir. À droite, la jeune mastiqueuse fixait maintenant la tâche de mon pantalon, elle ne cessait de s’étaler, alors que l’homme sous moi s’était mis à siffler et à me faire sauter doucement sur ses genoux en relevant les talons en cadence. ;