SEL II

intégral

 

 

de le lui dire lorsque j’ai entendu un sourd ronflement provenir de dessous mes pieds. Pfaall nous avait dit, c’est incassable, ça ne demande aucune maintenance. Mais là, ça ne devait pas, ça n’avait pas le droit surtout de lâcher ! Je tendis l’oreille avec autant d’attention que son activité croissante me l’autorisait mais avec elle, je n’arrivais pas à concentrer mon ouïe. « On s’arrête au plus vite ou on tente Narbonne ? » lui ai-je crié, attendant surtout de lui qu’il me rassure, mais seuls quelques ricanements me sont parvenus. « Je ne suis jamais allé à Narbonne, alors on y va ! » l’ai-je entendu dire à un moment donné. Puis ils ont éclaté de rire tous les deux. Un fou-rire dément les a pris qui a duré, me sembla-t-il, un temps infini, une éternité pendant laquelle il me semblait que mon affolement allait devenir insurmontable. Allié ou plutôt fondu déjà entièrement à cette folle à lier je me demandais s’il allait revenir à temps à la réalité de ce qui se produisait actuellement avec notre engin. Le ronflement s’est alors intensifié, puis, il s’est accompagné de légers à-coups et un léger brouillard est apparu tout autour. Ces à-coups, qui sur le coup, tant leur attitude devenait invraisemblable, m’ont semblés être juste le fait de son cou à elle qu’elle arquait, qu’elle tordait de toutes les façons (toute à son coup tôt tiré, me disais-je pour distraire mon inquiet courroux). Mais en vérité, ronflement et coups étaient liés. Tous les deux, ils dansaient. Ils étaient entrés en fusion avec l’engin, machines dans la machine, machine de la machine, c’était eux son énergie, eux qui la propulsaient à travers l’univers, et moi, en cet instant précis, j’étais rapporté, greffé à tout ça, une turgescence parasite involontaire sur le cœur d’une centrale frémissante et à deux doigts d’éclater, à un cheveu du Big-Bang ! « Emmène-moi à Narbonne, mon joli coucou-ououououou !!! » Et leur fou-rire a repris de plus belle à m’en faire exploser le crâne. Pour dire quelque chose, je lui ai répliqué : « Naomi, franchement, qu’est-ce que tu connais du coucou ? » Et elle : « Il a une lon-on-on-on-gue, très joli-iiiiiii-e queue, et il pond-pond-pond-pond » hurlait-elle en imitant le son de la mitraillette, « dans le nid des autres. À Narbonne, tu pondras