Francko écrit le premier texte de 365 mots qu'il envoie à Guy

 

 

Si le 14 juillet aura été le point de départ de cette nouvelle aventure, ce jour aura été également celui où pour la première fois, elle est partie, tôt le matin, sans rien me dire, sans me prévenir, laissant juste, par quelques menues variations d’attitudes par rapport à l’ordinaire, de quoi faire mûrir chez moi le germe de l’inquiétude et alors que depuis un certain temps déjà, je me préparais à une éventualité de ce type, éventualité que j’étais persuadé de pouvoir prendre avec la distance qui suit le soulagement de voir enfin se terminer une relation à laquelle je me savais incapable d’en trouver moi-même l’issue. Par lâcheté, ignorance sur la manière de m’y prendre ou peut-être aussi, une trop bonne éducation ? Mais rien ne se passe comme on l’espère lorsqu’on n’agit pas quelque peu dans ce sens et le soir même, elle est revenue, avec cet air buté qui n’autorise aucun commentaire, et comme surprise et voire même un peu amusée du souci qu’elle lisait avoir pu provoquer. Le repas sommaire pris en commun s’est déroulé silencieusement mais sans gêne non plus. J’ai servi le café et emmené ma tasse jusqu’au divan où m’attendait le livre que j’avais commencé et c’est au bout d’un moment que, retournant à la cuisine pour une raison quelconque, j’ai aperçu sa tasse encore pleine qu’elle n’avait pas touchée pour constater qu’elle avait simplement  de nouveau disparu. Je n‘ai même pas cherché ailleurs dans la maison, je sentais qu’elle n’y était plus. La lecture que j’ai ensuite tenté de poursuivre m’a révélé mon désarroi, des trente pages lues, je n’en avais aucun souvenir. Je me suis alors habillé pour sortir et me suis rendu au bar à l’angle de la rue. Sans être réellement un habitué du lieu, je savais y rencontrer très probablement des connaissances avec qui j’allais pouvoir me distraire de cette affaire qui m’occupait trop pour imaginer entreprendre correctement quelque chose ce soir. La serveuse derrière le bar était nouvelle et assez jolie, mais sa tenue, plutôt destinée aux adolescentes, – taille très basse et caraco un peu court – gâchait sa personnalité, lui soustrayait d’une certaine manière son caractère. Le corps semblait étranger au visage.